New Orleans, the "Big Easy"

Publié le par Charlie

       

           Il est des villes qui mériteraient une chronique quotidienne. La Nouvelle Orléans est de celles-là. Lorsque le néophyte pousse la porte dérobée qui mène au cercle des initiés, sa perception s'étend en même temps que l'espace s'amenuise. Touristiquement, la Nouvelle-Orléans est une ville séduisante et prévisible, racoleuse et surprenante. A vivre, elle se montre attachante, dangereuse, insensée. Soumise à l'étude, elle révèle des failles sociologiques, des forces économiques et des tensions politiques…

 


 

Ma première nuit à la Nouvelle Orléans fut une des plus mémorables.

Arrivée à minuit avec le groupe, Shannon décide de nous emmener voir des amis à elle, qui jouent au même moment au Tipitina’s (Tip’s pour les intimes), qui s’avère être THE bar branché de la ville. Entrée gratuite (j’économise quand même 25$) et bracelet V.I.P. (plus un bracelet Free Alcohol !), on se retrouve en backstage et je ne peux m’empêcher de m’approcher des coulisses, attirée par la musique envoûtante et rythmée de ce groupe majestueux, Railroad Earth. Impossible de décrire avec précision leur style de musique, c’est un beau mélange de country, bluegrass, blues, celtique, … Allez jeter un œil sur leur site internet ! Ca vaut le coup, et en plus, je peux vous l’affirmer, ce sont des personnes « avec un bel esprit » ! Après plusieurs bières enivrantes, quelques bouffées de la voluptueuse fumée blanche et des discussions animées mêlant voyage et musique, tout le monde rentre à l’aube, heureux et conquis.


Brève nuit passée dans un sous-sol cosy dans Garden District, je met un pied dehors au petit matin et là, le paradis s’ouvrit à mes yeux, jugez plutôt : une rue comblée de magnifiques maisons multicolores types coloniales (colonnes et large porche où traîne toujours un vieux rocking-chair bourré de charme…), avec, devant, des petits jardinets parfaitement entretenus composés d’Hibiscus et de toutes sortes de plantes vivaces type subtropical, une multitude de libellules et de colibris, virevoltant à travers les rayons du soleil matinal, qui transpercent les branchages des vieux chênes (Live Oaks) centenaires, qui longent le bord de la rue. Un couple d’écureuil entrechoque paisiblement des glands sur le trottoir, pendant que le chat du voisin se prélasse sous un bouquet de rhododendron … Peaceful and Unreal !


024

Je passe le reste de la journée à Lafayette Square (downtown) où Shannon&HotSauce participent au BBQ&Blues Festival. Je fais facilement une bonne dizaine de rencontres dans l’après-midi sans faire d’effort particulier, mon sac à dos de rando facilitant l’approche et le dialogue. Tous me donnent leur numéro et leur adresse, et je promets de les appeler en cas de pépins. A 19h45, mon hôte du CouchSurfing n'est toujours pas arrivé, on s’était pourtant donné rendez-vous à 19h devant la scène. Voyant mon regard confus par la situation, un vieux bonhomme s’approche de moi, et après avoir expliqué la raison de mon désarroi, il se lance, corps et âme, à la recherche d’un portable. Deux minutes plus tard, ma sauveuse, une allemande qui habite NOLA depuis 20 ans,  me prête le sien et je remercie mon ange gardien, qui s’envole aussi vite qu’il m'est apparu. J’appelle Sebastian qui justement attendait mon coup de fil, oups ! Il arrive 10 min plus tard dans son cabriolet ! Sebastian gagne sa vie en jouant du violon, il m’emmène le soir même dans un p’tit bar en plein milieu du French Quarter, où il donne un concert avec son groupe, étonnant et rafraîchissant ! Après une journée riche en émotion musicale, je m’effondre quelques heures plus tard, exténuée, chez SeaBass le violoniste. C'était mes premières 24 heures passée dans la « Big Easy » ! Magical !

 

 


          Je rencontre le lendemain, les deux autres français, arrivés sur le sol américain tout frais d’il y a une semaine, et qui partagent également le shotgun de SeaBass ; 2 mayennais, Lara et Ambroise. SeaBass est d’origine grec et passe tout ses étés en Grèce, à manger des olives et des grosses tomates du jardin, passionné de cuisine et de bonne bouffe donc. On décide alors, les français et l’américano-grec, de passer notre après-midi à trouver LES bons produits (je rappelle que ce n’est pas facile aux Etats-Unis !) afin de concocter un bon p'tit dîner francophone. L’excitation est à son comble : vous vous souvenez certainement de ce douloureux billet sur lequel je n’avais eu la force de mettre des mots. Direction Whole Foods où, d’après SeaBass, trône une épicerie fine « Wine Market » où l’on trouve du fromage, du saucisson et du vin, le tout hors de prix. GO ! On ne laisse pas le temps à SeaBass de se garer et pénétrons en force dans le magasin.


Ambroise, devant le présentoir réfrigéré : « Putain, 8$ le bout de roquefort, fouaiaia ! ». Lara, brandissant un morceau de plastique orange emballé dans du plastique transparent : « C’est quoi ce truc tout kraspek ? ». Moi : « C’est du fromage américain. »


                         « Sans déconner ? »

 

                         « Si j’te jure ! »

 

Ambroise : « C’est du gouda congelé ? ». Nous tous : « HihihihihihahahaHAHAHA !!! ». Puis en pagaille : « Eh ils ont du fromage dauphinois ! » « Oh de l’emmental ! » « Merde ! Du saucisson ! » « C’est quoi ce truc ? » « Du salami italien. » etc etc … 20 bonnes minutes à fourrer nos gros doigts dans tous les produits alors qu’en fait une seule chose nous intéressait : le roquefort qu’on avait repéré à la première seconde. A force de palabres, on tombe d’accord, Ambroise raque le roquefort à 8$, je cuisine des escalopes (de poulet) en sauce avec des champignons, et Lara boit du rosé. Ambroise : « Du rosé ? Mais c’est dégueulasse ! ». Lara : « Ben moi j’aime ça, puis c’est du vin de Pays de l’Oc ! ». Ambroise : « Ok, mais alors on prend trois bouteilles de rouge. ». Tout le monde en chœur : « OK ! ». Après avoir foutu un bordel bien franchouillard dans le magasin où 3 vendeurs nous observent effarés et silencieux, on se pointe à la caisse.


Ambroise : "Bonjour !".

Lara : "Mais t’es con, y comprennent pas.".

Moi : "Don’t worry, they are french.".

Eux : “Ah français ?”.

Moi : " Ben oui, alors hop, fromage qui pue et rouge qui tâche, comprenez ?"

                     « Oui, oui, oui … »

Moi : "Ben manque plus que l’pain en fait …"

Eux : "Ah mais on a du pain, juste ici !"

 

Suivant leur index, on arrive tous les trois devant le petit présentoir où cinq morceaux de papier à la forme vaguement baguettale nous font de l’œil. Ni une, ni deux, nous voilà à tâter le membre, et là, les amis, sensation divine de la baguette croustillante qui crie sous la pression experte de nos mains tremblantes. Pas possible. Ca fait le même bruit que du pain français. Estomaqués, on se regarde 20 secondes, et on dégaine chacun une baguette de son papier. Pas de doutes, c’est doré, croustillant, bien moulé, ça sent bon. Damned, c’est de la putain de Baguette ! Les jambes flageolantes, mon rythme cardiaque réglé sur speed metal, je demande à bout de souffle aux vendeurs : « C’est qui votre fournisseur ? (Avouez immédiatement ou je ne réponds plus de rien !) ». Nan, rembobinage viiiiiiiivi… Je demande : « C’est combien ? ». « 2.75$ ». Lara est amoureuse du vendeur, je suis à deux doigts de m’allonger pour lui raconter mon enfance, et Ambroise trouve ça très normal.


          J’vous raconte pas le festin royal qu’on s’est fait ce soir là. La France et la Grèce ont brièvement conquis l’Amérique, on était les rois occupants le Nouveau Monde, et puis on est parti se coucher, les bidons tout tendus de plein de bons trucs ! Un petit moment de miracle, de complicité au-delà des mots et une bonne bouteille de Rosé d’Oc de Rouge !

 

Check out the new album here !

Publié dans Big City

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
<br /> Ben oué!!!<br /> Je te hanteeee....<br /> c'était pour Halloween !!!<br /> <br /> Je peux remarquer que ton blog est de moins en moins actif !!! RRR binôme !! Pense donc à ceux, terré(e)s au fond du terroir bordelais, sans chevaux ni rien :'(<br /> <br /> donne des nouvellessssss<br /> <br /> par contre, tes photos sont toujours aussi belles !!<br /> <br /> Donc pas prévu de rentrer tout de suite!<br /> T'as raison d'en profiter mais qu'est ce que j'ai hâte de te voir pour que tu m'en balances plein la tronche, et qu'on rigole et que tu me racontes surtout , tout ça , comment tu speak trop well<br /> english maintenant et tout et tout ...<br /> <br /> je pense souvent à toi babe comme tu dis !!<br /> gros bisous<br /> <br /> et pense a nous aussiiiii<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> 31 décembre je voulais dire bien sur !!<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Coucou binôme ,<br /> hey, faut bien que tu partes au fin fond des States pour en rencontrer une !!<br /> non mais vraiment, une mayennaise en plus lol<br /> <br /> tout se perd !!<br /> bon quand est ce que tu rentres ?<br /> aura-t-on le plaisir de t'avoir en mayenne par exemple le<br /> décembre ??<br /> au pif hein ...<br /> <br /> gros bisous la francaise morfale !!!<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Ouais t'as vu ça ?! Creepy... Je n'arrivais pas à l'appeler par son prénom, du coup c'était "La Mayennaise". Tu me hante Binôme, jusqu'au fin fond de l'Amérique !^^<br /> <br /> <br /> I'm not sure for New Year's Eve, Babe...;)<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Je me suis régalé dans la lecture de cette fresque.<br /> J'aimerais bien être à ta place. Ce qui me manquerait, c'est cette faconde épistolaire qu'est la tienne de raconter les choses. GB<br /> <br /> <br />
Répondre